Pourquoi toujours courir ?
Pourquoi voulons-nous toujours être parfaits, au top de notre forme et performants dans tout ?
Nous vivons dans un monde où les réalisations sont la preuve de notre valeur et la source de notre fierté. Nous mendions la reconnaissance et les applaudissements. Nous avons besoin de faire nos preuves, à autrui et à nous-mêmes, et de devenir quelqu’un. Et dans ce chemin, nous nous perdons.
Nous perdons de vue ce qui compte vraiment pour nous et nous nous mettons au service de ce qui compte pour les autres.
Nous perdons de vue notre âme d’enfant, notre sens inné du bonheur, et nous entrons dans une course folle qui n’est autre qu’une roue infinie vers un succès que l’on n’atteindra jamais car nos buts seront toujours plus élevés.
Nous perdons de vue la simplicité et le rythme naturel des choses, les lois qui régissent la nature et nous gouvernent. Et nous voulons nous les soumettre, nous voulons les dominer, dans notre ignorance. Nous osons croire que nous pouvons les briser alors qu’elles sont inaltérables et bien au-delà de nous.
Nous perdons de vue notre réelle grandeur et notre réelle particularité, en tentant de nous fondre dans un moule pour être accepté.
Voici le prix de notre course folle et nous n’avons même pas conscience de payer une facture si élevée.
Mais voilà, la facture se révèle un jour : dans une blessure, dans une rupture, dans une déception, dans la perte d’un être cher. Il y a ces moments où tout s’écroule, où cet équilibre qui semblait si fort se voit ébranlé dans ses fondations. Et l’on ne peut plus tricher. Dans ces moments, nos mensonges nous sautent à la figure et on se sent désarmé. Nos repères disparaissent et le désespoir nous envahit.
Ce sont pourtant des moments de vérité et des moments riches d’espoir. Dans la blessure et dans la souffrance se trouve la chance de notre évolution. Non pas que la souffrance soit une chose souhaitable. Si nous avons la sagesse de prendre une voie juste et d’évoluer sans elle, c’est une réelle bénédiction. Mais malheureusement, ce n’est pas le lot du plus grand nombre d’entre nous.
Moi-même, j’ai tout appris de mes souffrances, de ces moments de vide, de ces moments d’arrêt où je me suis retrouvée face à moi-même et obligée de me questionner. Et je remercie mes déceptions, je remercie mes erreurs, je remercie mes blessures d’enfance. Je remercie chacune de ces failles qui m’a fait grandir et qui m’a permis de sortir de cette roue infernale et sans issue.
Car finalement j’ai compris qu’il n’y a nulle part où aller. Rien à prouver et surtout rien à devenir. J’ai compris que la vie est un jeu et que je peux entrer dans ce jeu avec mon âme d’enfant, multiplier les expériences, conquérir de nouveaux territoires mais sans esprit de conquête, sans esprit de domination. Juste pour le plaisir d’explorer et de faire danser toutes les couleurs de mon être. Aussi par gratitude et par reconnaissance pour les dons qui m’ont été offerts et que je suis dans le devoir d’exprimer.
La vie n’est pas une course, c’est un chant, c’est une mélodie à jouer.
Et au coeur de toute mélodie, il y a le silence.
Entre les sons, il y a le silence.
Alors quand vous ne savez plus où aller, remerciez de ne plus courir. Arrêtez-vous et écoutez le silence… Au coeur de vous-mêmes se trouvent les réponses, un enfant qui joue et vous rappelle à lui-même. Au coeur de vous-mêmes se trouve une joie immaculée. Au coeur de vous-mêmes se trouve le pur bonheur d’être. Pour le sentir, il faut s’arrêter et accepter un moment d’être seul et de n’avoir rien à prouver.